Logiciels pour apprendre le
vocabulaire et oser écrire en anglais
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QUESTION
Merci, Fabien, pour tous tes conseils.
Es-tu allé sur le site "
antimoon.com"? Que penses-tu de leur logiciel SuperMemo? Si c'est vraiment une bonne
méthode (pour mémoriser efficacement et rapidement du
vocabulaire anglais), pourrais-tu en faire un pour nous, francophones? Que penses-tu de ces sites qui promettent monts et merveilles (apprendre rapidement à
parler anglais)?
Jusqu'à présent, j'apprends l'anglais comme un enfant "muet", c'est-à-dire sans trop d'efforts, en essayant autant que possible d'être dans un "environnement anglophone": écoute quasi-quotidienne d'audio-books anglais (en voiture) et/ou d'émissions radio/TV américaines via le net, lecture de livres ou d'articles en anglais, et... depuis la lecture de ton livre, visionnage de films en anglais. Mais je n'ai guère l'occasion de parler, d'où ma difficulté à mobiliser le
vocabulaire que je connais "inconsciemment" (= je n'ai pratiquement aucun automatisme "langagier" qui me permette de tenir une conversation en anglais).
Pour l'instant, je n'ose pas, comme tu le conseilles, aller sur un forum anglophone ou chatter en anglais avec un de mes correspondants américains (étudiant en Français) car je manque cruellement de confiance en moi en anglais. J'attends encore. Depuis peu, avec ma mère (elle n'a aucune difficulté à converser avec ses amis anglophones), je parle un peu anglais (alors que j'avais un gros blocage, même avec elle!).
Passe une bonne semaine.
Murielle
MES COMMENTAIRES :
Bonjour Murielle,
Cartes/"flashcards", listes et logiciels pour apprendre le
vocabulaire :
J'aime beaucoup la philosophie du site
Antimoon.com. Ils ont compris beaucoup des problèmes dont souffre l'apprentissage de l'anglais, tel que l'ennui général des cours de langue, et la nécessité d'attaquer le sujet d'une manière moderne. Le logiciel SuperMemo qu'ils recommandent n'est cependant pas entièrement crédible à mes yeux. En fait, SuperMemo reprend le principe des cartes de
vocabulaire ("flashcards") : on écrit une expression/une question en anglais d'un côté d'une carte, et son sens/la réponse de l'autre, en français. On emmène ce paquet de cartes partout avec soi et on profite des moments perdus (la queue au supermarché, attendre le bus) pour s'auto-tester. Lorsqu'on maîtrise une carte ou une question, on la retire du paquet et on révise peut-être l'ensemble un mois plus tard. (C'est une approche sensée faire gagner du temps, ce n'est ceci dit en rien indispensable.)
L'avantage d'un logiciel pour faire cela est qu'il gère les intervalles de temps pour nous. Cela suit un principe psychologique nommé la répétition espacée qui dit que, pour mémoriser à long terme, il est préférable d'espacer son exposition à un mot ou une expression dans le temps (plutôt que de se bourrer le crâne de manière intensive sur une courte période). Sur le principe, c'est très intéressant et utilise -enfin- un élément scientifique dans l'apprentissage de la langue : optimiser son travail dans le temps.
Là où cela me gêne vraiment, c'est que la qualité du système dépend GRANDEMENT de la qualité des
expressions/questions importées dans le logiciel, appelée "collection". Je fais confiance à AntiMoon pour la collection qu'ils ont développé eux-mêmes mais ce que je peux lire sur les collections incluses avec le logiciel de base n'est pas reluisant. En somme, acheter SuperMemo revient à payer pour un système de création de cartes de
vocabulaire... mais c'est à vous de rédiger lesdites cartes. Cela fait cher, à mon humble avis, pour le logiciel. La qualité d'une telle collection de questions -- en fait, le choix du matériel étudié -- comporte de nombreux critères, principalement : choisir les
expressions les plus utiles (typiquement, les plus fréquentes, ce qui n'est pas évident du tout à estimer, même pour sa langue natale) et rédiger l'expression/question sous une forme qui a du sens (la majorité des mots pris seuls n'ont aucun sens, ils n'ont du sens que dans un contexte précis). Peut-on vraiment faire les bons choix à ce niveau lorsqu'on débute?
Enfin, là où le bât blesse, c'est que les heures employées à constituer soi-même de telles collections serait aussi bien, sinon bien mieux, utilisées à s'exposer à un anglais plus vivant.
En somme, je pense que tout le monde devrait garder en tête le principe de la REPETITION ESPACEE pour mémoriser à long terme. Cela ne nécessite pas de logiciel pour l'appliquer, simplement une prise de conscience. Qui plus est, un mot important apparaitra naturellement à de nombreuses reprises, qui seront autant d'occasions de le réviser.
De mon côté, je n'ai jamais eu à travailler le
vocabulaire spécifiquement pour le mémoriser... et les situations où je rencontre un mot nouveau sont maintenant aussi rares qu'en français. Là où je vois vraiment de la valeur dans l'utilisation des listes de
vocabulaire, c'est pour travailler un champ très précis du
vocabulaire. Par exemple, le corps humain, ou l'anglais juridique... Des sujets ultra-précis. Enfin, la VRAIE difficulté de l'anglais pour un français est sa
prononciation et le "tout texte" d'un tel système (même avec
prononciation audio) a ses limites.
Ce sur quoi je travaille beaucoup pour la
formation "Tout pour l'anglais" (en cours de préparation) est la sélection du
vocabulaire étudié. Lorsqu'on débute, la
grammaire et le
vocabulaire se rejoignent pour former quasiment une seule et même chose : comprendre les mots de
grammaire est indispensable à ce stade de l'apprentissage. Je travaille aussi sur l'ORDRE dans lequel enseigner ce
vocabulaire et la
grammaire (tous les mots et toutes les formes n'ont pas la même fréquence). Enfin, pour le
vocabulaire de manière plus générale, je travaille sur le fait de réunir les "formes" et le "concept", c'est-à-dire : les mots entendus, les visuels et le textes pour les associer, mentalement, à comment on se représente leur sens en tête. Concrètement, la
formation devrait intégrer un module de quiz pour s'auto-tester sur son niveau de compréhension, sous forme multimédia, et dans des contextes précis. En clair : aller à l'essentiel et rendre l'anglais aussi vivant (visuel, auditif, expressif) que possible. Cela rejoint le concept de SuperMemo en y ajoutant une dimension visuelle qui permet de se passer du texte, en priorisant l'apprentissage et en effectuant divers choix éditoriaux.
Le cycle à suivre pour apprendre une langue :
Murielle, tu es sur la bonne voie avec ta démarche. Ce que l'on oublie souvent c'est qu'apprendre une langue se produit naturellement dans l'ordre suivant :
1. Ecouter la langue...
2. Parler la langue...
3. Lire la langue...
4. Ecrire la langue...
L'avantage d'un enfant dans ce processus est qu'il a tout loisir d'entendre puis d'écouter la langue pendant des années (son oreille et son cerveau s'habituent puis S'OPTIMISENT à entendre la ou les langues dans lesquelles il baigne). C'est l'étape 1. Ensuite, il a tout loisir de répéter de courtes phrases, de poser des questions, de se faire corriger... C'est interactif pour lui d'entrée de jeu. On répète souvent que les enfants ont des facilités incroyables... Le cerveau d'un enfant est encore vierge et malléable, certes, mais reconnaissons aussi que les enfants ont pratiquement comme unique tâche, pendant des années, d'apprendre à parler la langue, à travers le dialogue, les jeux et le processus de sociabilisation en général. En somme, les enfants apprennent leur(s) langue(s) natales à temps plein pendant des années. C'est l'étape 2.
Tout francophone devrait s'estimer heureux de
parler anglais comme un enfant anglophone de 4 ans. A cet âge, tous les éléments nécessaires pour construire des phrases compréhensibles et exprimer ses idées et sentiments sont là. (L'enfant, à cet âge, a simplement une vision du monde encore limitée, mais les réflexes linguistiques sont là). (Notons qu'en parallèle à toute cette partie linguistique, l'enfant apprend à découvrir le monde en général. Travail que l'adulte n'a plus à faire!)
Cela éclaire un peu sur la notion de vitesse pour ce qui est d'apprendre à
parler anglais. Si un enfant y parvient décemment au bout de 4 ans, un adulte doit pouvoir s'en sortir aussi!... Mon avis plus personnel sur le sujet est que toute personne qui maîtrise le français peut parvenir à parler couramment anglais en 6 à 12 mois. Cela correspond aussi à ce que je lis par ailleurs et les polyglottes, même débutants, parviennent à apprendre une langue nouvelle et à la parler couramment au bout de 3 mois en général.
La confiance joue dans tout cela. Question : est-ce que notre confiance nous permet d'accomplir certaines actions... Ou bien est-ce le fait d'ACCOMPLIR certaines actions qui construit notre confiance? Je penche pour la seconde option. On agit... Puis on rationalise... Puis on se dit que l'on peut/sait le faire!
Alors, comment agir et faire ce dont on a besoin? Il y a une
technique toute simple, généralement connue sous le nom de "pied dans la porte". C'est simple : commencer petit, tellement petit que c'est insignifiant, puis avancer ainsi d'étape en étape, une chose "insignifiante" ou presque à la fois. Chemin faisant, ce qui semblait intimidant il y a quelques mois finira par atteindre une taille humaine. Cette
technique du "pied dans la porte" fonctionne aussi pour le négatif : si on hésite à faire quelque chose, puis que l'on hésite encore... Au bout d'un certain temps, on ne sait plus pourquoi on hésite, on sait juste que le doute est là et le manque de confiance se fait sentir.
Parler avec des inconnus sur Internet n'a pas vraiment de sens, ne comporte pas de risque, alors autant se l'autoriser. On peut se permettre de voir le dérisoire de la situation. C'est normal de vouloir faire bien. C'est dommage de ne rien faire du tout. On échoue lorsqu'on ne fait rien (par défaut) et on apprend lorsqu'on agit. Si discuter en anglais sur un chat ou un forum représente encore une étape trop importante, pourquoi ne pas lire un premier livre en anglais? Par exemple, "How to learn any language" de Barry Farber.
Voilà pour un mail plus long que prévu, en espérant avoir pu te fournir quelques clefs et de bonnes perspectives.
Bonne continuation!
Fabien